Au temps des pharaons, la majorité de la population vivait dans des abris de roseaux le long des cours d’eau ; les toits étaient liés ou lestés de pierre ou de terre avec, par endroits, des murs coupe-vent en pierre, en brique ou en terre battue ; les appartements gagnaient en résistance selon l’échelle sociale pour devenir des palais.

Considérant la taille du chantier, l’organisation des ateliers, des camps de travailleurs et des accès périphériques, il aurait fallu au moins six mois pour creuser la galerie descendante, mettre en place la première rangée de blocs de parement pour délimiter le périmètre et remplir l’espace intérieur avec des blocs de masse grossièrement équarris.  C’est plus de temps qu’il n’en faut pour réaliser qu’on est là pour longtemps, aussi bien se mettre à l’aise, adapter sa vie au chantier et vice versa.

Il est inconcevable que des travailleurs se présentent sur le chantier le matin, exécutent leurs tâches, s’éloignent pour une pause-repas, reprennent le travail après le repas, et repartent en fin de journée retrouver leurs familles.  De ce fait, je crois qu’il faut écarter d’amblée l’idée de procéder couche par couche, ce qui cause trop de déplacement de personnes et d’équipements de levage et n’accorde aucun refuge aux travailleurs en cas de tempête ou de précipitations abondantes.

Sur tous les grands chantiers, les concepteurs, les contremaitres et les chefs d’équipe se sont vus attribuer des bâtiments privés à l’extérieur des limites, ne serait-ce que pour éviter que les différents survenus en cours de journée ne dégénèrent en soirée ou au cours de la nuit.  Les ouvriers, quant à eux, sont regroupés dans des aires communes sur le chantier ; dans ce cas-ci, on parle au départ d’une plateforme de travail carrée de 230 m de côté, en plein soleil, fouettée par le vent ou sous la pluie.

Il est vraisemblable que le chantier a été organisé pour limiter les déplacements.  Nous émettons l’hypothèse qu’aussitôt qu’une ceinture de deux blocs de hauteur a été construite sur le pourtour d’un niveau, il est probable qu’une partie le long de celle-ci fût aménagée en pergolas pour les besoins du chantier et des travailleurs, alors que l’autre partie du périmètre demeurait une zone active, en cour de rehaussement, deux rangs ou plus à la fois.  Le noyau, quant à lui, constituait un chantier en lui-même.  La hauteur atteinte par le côté sud ne dépassait jamais la hauteur atteinte par les travaux sur le noyau afin de maintenir une voie d’accès et d’approvisionnement.

 

 

Milieu de vie

 

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Observé à partir du sud, sur le plateau, le chantier ressemblait à un immense amphithéâtre carré s’élevant peu à peu, en déclive du nord au sud, suivant la progression des travaux sur le noyau.  À l’intérieur de l’enceinte, sur les secteurs hors construction, on retrouvait sur deux niveaux à la fois, des loges en papyrus pouvant abriter des bureaux de chantier, des ateliers, des boulangeries, des travailleurs, des familles, etc.  De ces loges, les personnes présentes avaient une vue directe sur le chantier en contrebas.  Ces abris sommaires, protégés par le rempart de pierre étaient déplacés à des intervalles de trois ou quatre mois selon les exigences du chantier.  Par mesures de salubrité, elles étaient peut-être remplacées par des nouvelles et les anciennes utilisées comme combustible.

 

 

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En fait, nous émettons l’hypothèse que le chantier de la pyramide de Khéops a été habité pendant les quinze ou vingt premières années de la construction, tant que la plateforme était assez large pour maintenir un nombre restreint de loges.

 

 

 

 

Dessin : Dany Lavoie

Dessin : Dany Lavoie

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